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100 km du Périgord Noir

25 avril 2015, jour J pour le 100 km du Périgord Noir auquel Erwann et Alexandre sont inscrits.

C’est une des rares courses avec suiveur. Un coureur a donc le droit d’avoir un accompagnateur qui le suit à vélo tout du long du parcours afin de le ravitailler et de le soutenir psychologiquement. Thierry, le père d’Alexandre était son accompagnateur et j’étais celui d’Erwann.

Le départ de la course est à 8h pour les coureurs, mais 7h20 pour les suiveurs. Au départ, le speaker annonce que l’on ne peut ravitailler les coureurs n’importe où sur le parcours, mais uniquement sur une distance de 100m autour des points de ravitaillement : 50m avant, jusqu’à 50m après. C’est nouveau, car Erwann n’avait jamais entendu parler de ça… Tous nos plans préparés consciencieusement la veille tombent donc à l’eau. Nous allons improviser !

Nous sommes donc partis avec Thierry à 7h20 et avons rejoint en vélo le 8è km de la course, distance à laquelle les coureurs nous rejoignent. Une fois arrivés sur place, nous posons les vélos sur le côté et attendons patiemment nos coureurs…

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Point d’attente des suiveurs…

Nous faisons alors la connaissance d’un sympathique monsieur, qui nous explique qu’il y a 6 mois, il était quasiment condamné. Il a subi une greffe de coeur, et participe à cet événement pour remercier son donneur. Son histoire est belle.

8h50, Alexandre et Erwann arrivent, ainsi que la pluie… Nous nous mettons en selle et commençons la course ensemble.

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Les champions arrivent au lieu de rencontre avec les suiveurs !

La course se passe bien, les kilomètres défilent. Erwann et Alexandre prennent de l’avance sur l’objectif de moins de 9h.

Nous nous habituons à ravitailler comme indiqué par le speaker au départ : A l’approche du ravitaillement, nous prenons de l’avance sur notre coureur pour y prendre ce qu’il souhaite et nous lui donnons lorsqu’il arrive, sans perdre de temps.

La pluie tombe sans discontinuer depuis 8h50, nous sommes trempés. Ayant oublié mon Kway au gîte (c’est malin…), mes habits sont gorgés d’eau… Erwann me demande si j’ai froid ! A se demander qui est le suiveur de qui ! Je lui dis que tout va bien et de se concentrer sur sa course.

Nous approchons du 40è km, Alex commence à souffrir de plus en plus de son pied. Il s’arrête alors à un ravitaillement pour se soigner avec Thierry. Erwann et moi continuons.

A partir du 45è km, nous approchons de Sarlat et les difficultés commencent. Il y a de plus en plus de côtes, de plus en plus raides… A en faire rougir de honte la butte Sainte Anne ! Erwann est alors boosté à fond et les monte comme une mobylette. De plus, la pluie s’est arrêtée.

Nous passons le 50è kilomètre en 4h25:40 soit 4 minutes 20 d’avance sur les 9h. Nous apprendrons à l’arrivée qu’Alex l’a passé en 4h29:59.

Peu de temps après le 50è kilomètre, nous arrivons sur une impressionnante côte, je la prends difficilement à vélo et demande à Erwann comment il va. Pas de réponse… Je me rends compte qu’il est derrière et qu’il la monte en marchant. Je l’attends et il m’indique qu’il préfère ne pas se cramer pour plus tard.

Fin de la côte, Erwann se relance, difficilement. Le rythme d’avant était perdu. Nous arrivons de nouveau sur une impressionnante côte que nous prenons en marchant. « On n’est pas là pour rigoler » crie quelqu’un derrière nous. Alex nous avait rattrapé. Nous faisons alors plusieurs kilomètres ensemble, mais Alex étant plus frais nous distance sur une côte qu’il prend en courant, nous en marchant. Nous ne reverrons Alex et Thierry qu’à l’arrivée.

Erwann n’était alors pas au mieux, il a vu son objectif de moins de 9h s’envoler et Alex nous distancer. Dur ! Mais nous discutons, j’essaye de le faire rire et il décide alors qu’au vu de la difficulté du parcours et des conditions, la ligne d’arrivée est le nouvel objectif. Nous décidons aussi de ne plus regarder le temps, et je ne tiens plus Erwann au courant des temps de passage. Il fait aussi de plus en plus chaud…

Nous décidons alors de nous arrêter à chaque ravitaillement. J’en profite alors pour me ravitailler à mon tour, car je n’avais rien pris de consistant depuis le petit déjeuner à 6h…

C’est une course totalement différente qui commence, nous discutons beaucoup, nous rions, Erwann est très lucide et a un super moral. Le seul problème, ce sont les 2 jambes de bois qu’il doit relancer tant bien que mal après chaque ravitaillement… C’est de plus en plus impressionnant et cela fait du mal de voir ça. Pour reprovoquer sa foulée, il fait comme s’il chutait sur l’avant. Difficile à expliquer…

Les kilomètres s’enchaînent jusqu’au 91è km. Je reçois un coup de fil de Laurence, l’amie d’Erwann et de la maman d’Alex qui nous attendaient à l’arrivée. Elles m’indiquent qu’Alexandre venait d’arriver en 9h36. Je raccroche… Dois-je le dire à Erwann ? Finalement je décide que oui.

Nous arrivons alors dans un petit village pour nous ravitailler au 94è km et les cloches de l’église sonnent… 6 fois. Erwann me demande alors s’il est bien 6h. Je lui indique que oui. Cela fait donc 10h que nous sommes partis… Même s’il n’y avait plus l’objectif des 9h, j’ai bien senti que ces deux nouvelles coup sur coup l’avaient touché.

Il décide alors de finir d’une traite et de ne pas nous arrêter au ravitaillement du 98è kilomètre. Nous savons qu’il reste une dernière difficulté… Plus d’un kilomètre sur la fin est en côte pour monter jusqu’à l’arrivée à Belvès, Erwann m’indique qu’il la montera en marchant, sauf que, arrivé au pied de cette longue côte, il ne marche pas, mais la monte… De plus en plus vite ! Je mouline de plus en plus vite sur mon vélo pour la monter, mais j’ai du mal à le suivre ! Quel regain d’énergie, c’est impressionnant ! Nous arrivons côte à côte vers la ligne d’arrivée, mais je suis dérouté avant. Les suiveurs ne finissent pas avec le coureur, mais à part… C’est frustrant d’avoir suivi pendant plus de 10h son coureur et de ne pas franchir la ligne d’arrivée avec lui, en équipe. J’étais déçu, mais impressionné par le magnifique finish d’Erwann. Il franchit la ligne en 10h43, loin de son objectif initial, mais très heureux d’avoir fini la course d’une magnifique manière, lucide, avec juste des douleurs aux jambes.

A l’arrivée, les propriétaires du gîte où nous étions hébergés nous attendaient aussi.

Alex s’était entre temps fait soigner son pied, l’ampoule qu’il avait était tellement impressionnante que tous les podologues l’ont prise en photo. Un guerrier ce Alex !

Nous restons un peu à l’arrivée, Erwann se faisant masser, puis nous rentrons au gîte, où nous attendait une très agréable surprise. Maryse et Jean-Pierre, les propriétaires, nous ont invités à manger avec eux. Rillettes de canard de leur production, omelettes aux cèpes. C’était délicieux. Erwann a trouvé son maître en la personne de Jean-Pierre, qui nous a fait bien rire avec ces anecdotes. Ils ont vraiment le coeur sur la main. C’est une adresse à retenir pour quiconque souhaite voyager dans la région (http://www.pere-igord.com/) !

Le lendemain matin, nous avons visité leur boutique de foie gras, fait quelques emplettes puis sommes rentrés sur Nantes. Un super weekend bien chargé !

N’hésitez pas à commenter…

3 réflexions au sujet de « 100 km du Périgord Noir »

  1. Ruelle dit :

    bravo les dinguos pour cet exploit, et surtout bonne récupération.les organismes ont été poussé à l’extrême!! On remet ça l’année prochaine!! On n’est pas là pour rigoler.
    Merci thomas pour ce récit vivant et précis

  2. saupin thierry dit :

    merci THOMAS pour ce récit et ces photos j’avais l’impression de revivre la course à bientôt peut-être sur une nouvelle compétition thierry

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